Entrevue par ATSM
Rue: Mon nom est Rue McLean.
Je travaille et je possède un studio de tatouage, Gold Rush Collective Tattoos, à Houston, au Texas. Houston est une ville formidable.
Houston
Il y a beaucoup de studios et de très bons artistes. La ville a su se bâtir une solide réputation, notamment pour le black and gray.
En 2015 j’ai reçu une offre d’emploi de Carson Vester pour joinder équipe de Gold Rush Collective et travailler avec mes amis, Cody Gibbs et Oscar Cuellar.
À mon arrivée en décembre 2015, j’ai découvert qu’Oscar allait quitter le studio et l’opportunité s’est présentée pour moi de devenir partenaire du studio. Le shop est passé d’une équipe de quatre personnes à neuf aujourd’hui, et il a acquis une réputation pour ses créations de grande envergure en black and gray, devenant l’un des meilleurs studios de ce style au Texas.
Art
J’aime m’engager dans ma communauté, alors j’organise également une exposition d’art dans la ville appelée « All Hands on Deck ».
Un peu d’histoire
Mon parcours professionnel dans le tatouage a probablement commencé quand j’étais enfant.
Mon grand-père est revenue de la seconde guerre mondiale avec des tatouages, et j’en étais obsédé.
Quand j’avais 14 ans, je suis donc entré dans le studio de Wild Bill en lui disant que je voulais devenir tatoueur, mais je me suis vite fait rembarrer.
À 15 ans, j’ai rencontré un gars nommé Joe Holyfield, qui possédait Above All Tattoo à Sacramento, en Californie.
Un soir vers minuit, mes amis et moi sommes allés nous faire tatouer, le gars ne voulait pas me tatouer parce que j’avais seulement 15 ans, alors il a fait un deal avec moi :
« Apporte-moi10 clients payants et je te tatouerai. »
J’ai eu mon premier tatouage professionnel de Joe en octobre 1996. J’étais immédiatement accro. Pendant qu’il me tatouait, je ne cessais de lui poser des questions et il m’a dit de rejoindre l’armée et de NE PAS entrer dans le tatouage avant.
À la place de rejoindre l’armée, je suis allé à San-Francisco, où je me suis fait tatouer chez Antibus Warpus par Luke Francis.
Nous sommes devenus de très bons amis entre autre avec Marco Casado.
. Je traînais dans le shop, faisant tout ce que je pouvais pour aider. J’étais sans abri à San Francisco donc je n’avais vraiment rien d’autre à faire.
Ils m’ont d’abord proposé un apprentissage en piercing, que j’ai terminé sous la tutelle de Bima Gunawan.
Luke Francis m’a demandé ce que je voulais vraiment faire de ma vie. Je lui ai répondu du tatouage!
Il me pointe alors un cadre de machine et me dit :
« Hé mec, si tu me montes une machine complète, je t’apprendrai ce que tu veux savoir sur le tatouage ! Tu ne seras jamais fauché, et tu ne seras jamais riche. »
Ayant fait du graffiti je me suis trouvé à faire beaucoup de tatouage style “lettering”
Les voyages
À 20 ans, je suis retourné dans mon pays d’origine , les Pays-Bas, et j’ai acheté un studio de tatouage.
Je pensais que c’était une super idée, sans même savoir comment gérer une entreprise.
Pour honorer le studio qui m’a donné ma chance, je l’ai appelé Anubis.
Il était situé sur la rue Kattengat à Amsterdam.
En 2005 je quitte pour déménager à Aruba, puis au Venezuela sur une île appelée Isla de Margarita avant de me rendre à Miami en 2006.
Retour aux USA
J’ai été très rapidement occupé, Je travaillais 14 à 16 heures par jour, sept jours sur sept.
J’ai passé un accord avec le propriétaire disant que je gérerais son studio si je pouvais apprendre les rouages du business.
Je devais apprendre à gérer une entreprise, la comptabilité…
J’ai d’abord travaillé chez Mosh Pit, puis nous avons ouvert Salvation Tattoo,peu près à j’ai engagé un gars originaire de Montréal, J. F. Burby.
Montréal
J.F Burby m’a plus tard offert l’opportunité de monter à Montréal et de travailler avec lui chez Tattoo Iris.
Je n’avais jamais travaillé dans un studio de custom à ce moment-là.
Alors avant de prendre ma decision de bouger encore une fois, je suis rentré chez moi aux Pays-Bas et j’ai parlé avec Amar Goucem pour lui demander son avis.
Il m’a dit :
« Prends-le job mec ! Montréal c’est censé être super! »
Je suis allé au Canada de 2008 à 2010. Je travaillais à Montréal et je redescendais aux États-Unis. Je travaillais à Wildwood, New Jersey, sur la promenade, juste pour gagner assez d’argent pour pouvoir travailler dans le studio de custom Montréalais.
D’abord, j’ai suivi le chemin du black and gray puis des tatouages traditionnels ; mes bases étaient toujours le lettrage et les bangers.
Je voulais faire les choses correctement, alors je suis resté avec le traditionnel.
Je me souviens avoir vu le travail d’Alex Reinke en 1998, et cela m’a vraiment impressionné ; c’est là que j’ai décidé de m’intéresser davantage à l’art japonais.
Je me rappelle avoir travaillé à Montréal lorsque Pierre Chapelan est venu me rendre visite et je me souviens avoir commencé à regarder son travail, je n’avais jamais été exposé à des choses comme ça avant, et j’étais vraiment inspiré.
Cela a changé ma façon d’aborder le tatouage.
Les machines
Mon atelier de machines est situé sur Piemont, dans une zone industrielle, un endroit pratique pour moi où je peux récupérer tous les métaux dont j’ai besoin.
Je travaille également avec Carson Vester pour Vester Manufacturing.
Nous construisons tout de A à Z, nous enroulons nos bobines, nous fabriquons nos machines, nous soudons nos machines…
Je construis aussi des machines rotatives, j’adore vraiment fabriquer des outils pour les tatoueurs.
Séminaires
Je voulais faire des séminaires depuis une convention en Angleterre , je partageait le stand avec mon ami Thomas Hooper,un gars est venu à notre table et a posé tant de questions qui me semblaient évidentes, alors quand je suis rentré chez moi, j’ai parlé avec Carson sur la possibilité d’organiser des séminaires.
Nous organisons donc maintenant des séminaires, comme nous l’avons fait à Tattoomania ainsi qu’à la convention de Montréal et reviendront encore au Québec en Décembre à PSC Tattoo, pour une autre edition,
Séminaires en ligne
Nous allons définitivement collaborer avec Tattoomania & Friends pour créer des ateliers accessibles en ligne ainsi qu’ avec Art Tattoo Montréal.
J’aime faire des séminaires, Carson aime faire des séminaires, nous adorons parler de la théorie des machines.
Je pense qu’il y a tellement de choses que nous n’avons même pas encore effleurées, surtout maintenant avec l’afflux d’excellents artistes où l’art est bon mais ils ne connaissent tout simplement pas leurs outils.
Le tatouage aujourd’hui
À mon avis, le milieu artistique est BON, les gens poussent les limites.
Pour moi le monde du tatouage est un lieu oú ne sommes que des invites et avons la chance d’en faire partie.
Si vous lui donnez de l’amour et êtes sincère, le tatouage vous ouvrira un monde entier. J’ai rencontré ma femme grâce au tatouage et j’ai maintenant ma petite fille, tout ce qui est bon dans ma vie vient du tatouage.
Je pense que beaucoup de choses dans le tatouage en ce moment proviennent d’entités corporatives qui essaient de convaincre les gens que le tatouage est plus que ce qu’il est réellement.
Je pense que certaines personnes sont un peu déconnectées, ce qui peut être décourageant dans certaines situations.
J’essaie de combler le fossé et de partager des informations sur les machines ; je travaille sur de nouvelles technologies et de nouveaux dispositifs.
Projets futurs
J’ai un nouveau “Pen” que je suis sur le point de lancer, appelé le shiv, une machine rotative, j’ai aussi quelques expositions d’art sur lesquelles je travaille avec un artiste local, Arkhos Guerrera, et nous allons faire ensemble une exposition de skate deck en 2025.
Mes autres objectifs d’ici 2026 sont de me concentrer véritablement sur des œuvres inspirées de l’Asie.